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Quand le PS se regarde le nombril
Michel Rocard sort du bois. Enfin presque : seuls ceux qui ne suivent ce qu'il déclare que depuis peu seront surpris par ses déclarations récentes. A la manière d'un Raymond Barre, il a laissé tomber la langue de bois pour dire officiellement et tout haut ce que tout le monde sait et pense tout bas.
Il n'existe aucun projet socialiste.
Les raisons avancées par M. Rocard tiennent autour d'une ambiguité (tout détruire ou pas?) remontant à sa fondation en 1905 et de son nombrilisme national, qui lui valait d'ailleurs d'être moqué récemment par des courants socialistes européens. Le PS a raison parce qu'il est la gauche française. Il ne doit être que le bureau politique du PS pour ne pas se rendre compte du ridicule de leur position et de la vanité de leur stratégie.
Conduit par un groupe de personnes plus préoccupées par leur sauvegarde personnelle que par la construction et la valorisation d'un projet, le PS n' rien proposé de crédible depuis longtemps. Ainsi en va-t-il de leur "réforme phare", les 35h, qui n'étaient, ne sont et ne seront qu'une avancée idéologique sans rien de lucide et qui aura mis un pays à plat pour de nombreuses années.
Ayant porté à leur tête pour la dernière Présidentielle une femme qui change d'avis et de programme en fonction des sondages, on pourrait même dire que les socialistes n'ont eu que ce qu'ils méritaient. A tel point que depuis sa défaite elle ne songe qu'à soumettre le parti à sa botte, en évitant d'ailleurs de suivre le tracé défini par le parti et donc verrouillé par ceux qui souhaitent sauver leurs chemises.
Ce serait risible si ce n'était le pays entier qui s'était trouvé à devoir supporter un choix aussi douteux lors de l'échéance suprême, engageante pour 5 ans.
DSK s'en est bien rendu compte et a accepté de prendre ses distances en essayant de devenir Président du FMI : il prend le large et reprend sa liberté. Il est intelligent et je doute qu'il ait abandonné toute ambition nationale. Cependant, en agissant ainsi, il se donne les moyens d'exister plutôt qu'étouffer.
Les personnalités PS qui ont "accepté" les offres faites par le Président Sarkosy, malgré les menaces de "boycott" au sein de leur parti, ne doivent pas être loin eux aussi de partager le diagnostique sur l'impasse rose (et mourrant d'envie eux aussi de regoûter au pouvoir, leur analyse les aura conduits à se rapprocher de la Maison Bleue).
M. Rocard, enfin, qui préfère adhérer au Club des Gracques, pour refonder une pensée "socialisante" mais libre des instruments de pouvoir que sont les partis.
Il est intéressant de noter les réactions de internautes, qui applaudissent cette lucidité, hormis quelques fanatiques de Ségolène qui se content de scander son nom sans argument, à la manière des fanatiques de Nicolas qui crient dès que l'on critique leur champion (alors que je lui reconnaît cette qualité primordiale, il accepte le débat parce qu'il veut le gagner, au lieu de le fuir - ses partisans devraient s'inspirer de son exemple).
Alors non, le PS ne sait plus quoi dire. Pourtant, qu'il regarde ce que proposent beaucoup de blogs : sur internet, le contenu idéologique et libre est tel que le programme moderne serait facile à façonner. Sur ces blogs, parler du capitalisme ne pose aucune gêne! Je ne suis pas forcément en accord avec toutes les opinions émises, mais au moins y sent-on la fraîcheur et la liberté!
HP76.