Protection de l'environnement et croissance
Quand développement durable et engagement citoyen riment avec croissance
A l'heure d'une mondialisation exacerbée, je ne peux m'empêcher de penser que plus qu'on ne l'imagine de prime abord, notre salut passera par la protection environnementale. Je ne viens pas juste prêcher pour une démarche "verte", qui si elle est louable est trop souvent cantonnée à des imprécations de type "il ne faut pas", en opposition avec les mauvaises pratiques en cours. L'écologie me semble alors cantonnée à une lutte des classes revisitée.
Je viens au contraire parler de laisser la protection de l'environnement sur le devant de la scène. En l'intégrant complètement et définitivement dans nos habitudes et schémas de pensées. Je ne suis d'ailleurs pas intéressé par notre "super-ministère-du-moins-polluer". A mes yeux, l'environnement durable aurait dû être soit intégré directement au Ministère de l'Economie, aux Finances ou mieux : directement au Premier Ministre. Le but : l'intégrer dans toutes les prises de décision, plutôt qu'en faire une branche à part.
Lors de mes années lycée, il y a une quinzaine d'années, il me venait un terme loufoque : "écolomie". Ce terme, je l'ai relu et entendu depuis. S'il m'était alors apparu comme pertinent, je ne réalise que depuis 3-4 ans sa portée réelle.
L'économie et l'écologie ne sont pas en compétition, elles sont auto-entraînantes l'une vis-à-vis de l'autre. L'idée? Les économies ou gains de productivité que je peux réaliser en adoptant une démarche responsable écologiquement, me permettent de stimuler d'autres activités.
J'illustre.
Ces derniers temps, dans les restaurants McDonald's, nous voyons apparaître des sanitaires masculins économes en eau : en l'absence de jet d'eau inutile pour nettoyer les urinoirs, avec des procédés néanmoins sains, chaque urinoir ainsi installé permet d'économiser l'équivalent de la consommation annuelle en eau du robinet d'une famille de 4 personnes. Soit 150,000 litres d'eau. A raison de 2 urinoirs de ce type en moyenne par restaurant et sachant qu'il y en a plus de 1,000 en France, on peut estimer à plus de 3 millions d'hectolitres d'eau non dépensés inutilement.
Autre exemple : les ampoules basse consommation qui font baisser la consommation électrique pour l'éclairage domestique de 75%. Si chaque foyer était totalement équipé, nous aurions un effet de masse considérable. De même pour les bonnes pratiques d'allumage des appareils électriques (ne pas les laisser en veille, ne pas préchauffer inutilement le four, ne pas faire tourner pour rien le réfrigérateur en le laissant ouvert, éteindre toutes les éclairages des pièces inoccupées et ne pas laisser son PC branché 24/24!) : une éducation de tous permettrait des économies d'échelle titanesques!!
Enfin, si nos habitudes de transports à tous devenaient plus rationnelles (privilégier la marche pour les courtes distances, pratiquer le co-voiturage, retirer le permis aux jeunes... pardon, adopter une conduite souple et calme ^^ ), les économies de carburants pourraient libérer des sommes considérables...
Mais il n'est pas ici question de faire de l'écologie pour l'honneur et nos descendants : c'est notre intérêt immédiat! Les sommes à peine effleurées ci-dessus se chiffreraient en milliards d'Euros. Les économies combinées des entreprises, de l'Etat, des foyers, seraient autant de budget à réinjecter ailleurs. Ainsi dans les entreprises serviraient-elles la croissance en étant réinvesties en bénéfices, gains de productivité, baisses de prix, peu importe. Ainsi pour l'Etat serait-ce un vecteur de contrôle du budget et donc de ne pas étrangler la croissance par des taxes futiles. Ainsi pour le consommateur serait-ce un moyen d'épargner un peu plus - et donc de financer le tissu économique - de se désendetter voire de dépenser ces sommes autrement et donc de soutenir la croissance.
J'aimerai pouvoir déjà remplacer les "serait-ce un moyen" par des "est un moyen". Le mouvement me semble toutefois en cours.
Ecolomies : les ruisseaux forment de grandes rivières
Toutes ces gouttes d'eau, que chacun devrait puiser dans le Petit Livre Vert de Nicolas Hulot et sa Fondation pour la Terre, enrichissables à l'aune du bon sens et de la pratique quotidienne, qu'ont-ils donc à voir avec la mondialisation?
Tout.
En effet, des démarches réfléchies peuvent nous faire privilégier les produits, finis, intermédiaires ou matières premières, produites à proximité et donc ne générant pas de pollution indirecte liée au transport, au stockage et à la conservation. Moins de dépense d'énergie signifie aussi soutien direct au tissu économique "local" (suivant l'échelle).
Le cercle vertueux enclenché par les démarches éco-respectueuses engendreront de même un cycle d'innovation lié à l'écolomie. Entraînant donc investissement, et apparition d'un avantage compétitif décisif. Si vous préférez, un "gap" technologique en faveur des sociétés écolomiques. Par comparaison avec des sociétés dans lesquelles l'environnement n'est même pas encore une variable. Juste une victime. Je pense notamment à la Chine et aux conséquences désastreuses - sur le plan sanitaire dans quelques années sans doute - que sa croissance non maîtrisée entraîne. En somme, nous créérions un protectionnisme par la compétitivité, pas par les douanes ou les taxes.
Au niveau européen, l'enjeu est celui du leadership. En prenant l'avantage sur le plan environnemental, en créant une avance technologique liée et donc des secteurs d'activité "protégés", l'effet d'entraînement par l'exemple et la culture (en gros : par l'exportation) nous différencierait des USA comme de la Chine justement, en alternative sociétale et comme mode de croissance.
Aux esprits chagrins qui verraient dans mes derniers mots des relents de neo-colonialisme, je le reconnaît volontiers. Car en matière de compétition internationale, le Darwinisme fait loi et il s'agit pour l'Europe de survivre. L'influence diplomatique et économique est la meilleure arme à cette fin. Et quand cette démarche ne peut que bénéficier à la Planète, à tous donc... La question ne se pose pas.
HP76.